Discours de Mme Damaniki à Londres, 31 Octobre 2011
Conference "New Challenges and Opportunities facing Marine Fisheries Science", The Fishmongers' Company
Traduction réalisée par A. Dechene Original en anglais
Les stocks de poissons ne tolèrent pas de mauvais compromis
Cher Président, Mesdames et Messieurs,
Je suis trés heureuse d'être de retour ici, à The Fishmongers' Company et je vous remercie de m'avoir invitée. En fait, aujourd'hui, votre conférence ne pourrait être plus opportune, car elle survient 10 jours après que j'ai négocié les quotas de pêche pour la mer Baltique. Je l'ai souligné à maintes reprises, nous devons fonder nos décisions sur des avis scientifiques. Il ne peut y avoir aucune autre manière, parce que les stocks de poissons ne tolèrent aucun mauvais compromis. Le Conseil en a convenu avec moi et je ne peux que faire leur éloges pour être courageux et fixer des quotas à des niveaux durables. Pour cela, Mesdames et Messieurs, le Conseil mérite nos applaudissements et les encouragements pour continuer dans cette voie pour que nous puissions parvenir à la durabilité aussi pour la mer du Nord et les stocks de poissons de l'Atlantique dans les négociations de Décembre.
Nous pouvons déjà faire beaucoup maintenant pour la durabilité en fixant des quotas à de bons niveaux, mais finalement ce travail ne sera accompli que si nous parvenons à la réforme de la Politique commune des pêches compléte de la tête aux pieds.
Alors laissez-moi donc vous expliquer comment je veux atteindre cet objectif.
Commençons par quelques faits: il y a de moins en moins de poissons dans la mer. Les prises ont constamment baissé depuis les années quatre vingt dix. Nous avons pêché trop. Nous avons jeté les poissons que nous ne voulions pas à terre ou pour lesquels nous n'avions plus de quotas. Et nous avons utilisé l'argent des contribuables pour construire notre flotte. Le résultat est qu'aujourd'hui 75 pour cent de nos stocks sont surexploités.
Selon notre évaluation des impacts, si nous ne brisons pas ce cercle vicieux 8 seulement des stocks de poissons sur 136 sera durable en 2022.
Ce serait un désastre économique pour notre industrie de la pêche, les pêcheurs en particulier les petits, qui ne peuvent pas facilement se déplacer dans d'autres eaux plus lointaine..
Nous allons perdre plus d'emplois dans le secteur de la capture, mais aussi dans la transformation, le transport et les infrastructures portuaires, imaginez l'effet négatif pour les régions côtières.
Ce sera la réalité sans cette réforme et nous ne pouvons pas laisser cela se produire.
Permettez-moi donc vous donner en quelques mots ma vision pour l'avenir: je veux aller à la durabilité comme un tout. Je parle de la durabilité environnementale en se déplaçant à la PME 2015 et la suppression progressive des rejets. Je parle de la durabilité sociale, parce que nous pouvons constituer des stocks de poissons corrects dans nos eaux et c'est la meilleure façon d'augmenter les revenus de nos pêcheurs.
Je tiens à atteindre cet objectif en modernisant la manière dont nous prenons des décisions. Je propose la régionalisation, le Parlement européen et le Conseil prendront des décisions menant à des plans à long terme et des mesures d'encadrement techniques et des règles de base. Puis l'industrie de la pêche devra travailler main dans la main avec les administrations nationales pour fixer des règles plus détaillées sur la taille des mailles, les fermetures de zones etc Et c'est là que les scientifiques ont un rôle vital à jouer. Nous avons besoin de leur expertise pour trouver de nouveaux engins de pêche plus efficaces qui sont moins nocifs pour l'environnement. Nous avons besoin de leurs meilleurs conseils sur la façon de définir les quotas de pêche. Mais nous devons aussi aider les scientifiques à faire leur travail. En leur donnant seulement la moitié des données comme actuellement cela ne les aide pas à préparer des conseils solides et c'est un gros problème auquel nous faisons face maintenant. Nous avons un problème avec la fourniture de données et nous en avons besoin pour s'attaquer à ce probleme. Sans ces données il ne peut y avoir de conseils scientifiques appropriés.
C'est pourquoi je tiens à investir pour améliorer la coopération entre l'industrie de la pêche et les scientifiques. Ceci n'est possible que si nous responsabilisons l'industrie de la pêche en leur donnant les moyens afin qu'ils fournissent les données fiables et aussi apportent leur savoir-faire dans la gestion des pêches. Eh bien, et puis il y a la mer Noire et la Méditerranée où je ne sais même pas par où commencer. Tout ce que je dirai, c'est que l'énorme manque d'informations scientifiques et le manque de coopération avec les pays tiers est un grand obstacle que nous devons relever, si nous voulons parvenir à la durabilité aussi pour tous les autres bassins maritimes.
Permettez-moi maintenant vous expliquer plus en détail la façon dont je veux assurer la durabilité à la PME et de l'interdiction des rejets. Ces deux instruments sont un must absolu, si nous voulons avoir du succès.
Premièrement: Nous nous dirigeons vers la PME déjà sur un certain nombre de stocks de poissons. Je parle de la morue et de hareng dans la mer celtique et la sole en Manche. Ce sont quelques exemples. Dans ces pêcheries nous avons basé nos décisions sur des avis scientifiques et les pêcheurs ont vécu des moments difficiles avec des quotas réduits. Mais après quelques années les quotas ont été augmentés. L'approche fondée sur la science est le meilleur moyen pour augmenter les revenus des pêcheurs d'une manière durable et pour maintenir les emplois dans l'industrie de la pêche, dans les ports et dans la transformation.
Ce n'est pas un vœu pieux, mais il est basé sur notre propre évaluation d'impact pour la réforme de la PCP et il est basé sur les conclusions d'une étude de renommée internationale par la Banque mondiale intitulé « Les milliards engloutis ».
Selon la Banque mondiale nous allons dans le monde entier perdre 50 milliards de dollars à court terme, dans la gestion des pêches. Nos exercices de modélisation ont montré que nous pouvons générer 2,7 milliards d'euros supplémentaires pour notre industrie de la pêche. La gestion des stocks entraîne durablement 17 pour cent de plus des prises, des marges bénéficiaires trois fois plus élevées, et les retours sur investissements six fois plus élevé!
Voilà, Mesdames et Messieurs, c'est que j'appelle la durabilité sur tous les fronts.
Deuxièmement, l'interdiction des rejets: Nous devons cesser de jeter le poisson qui est déjà mort, avec quota ou pas de quota. L'industrie de la pêche le sait et dans un certain nombre de régions en Europe, ils essaient de pêcher de manière plus sélective. Ces pêcheurs ont compris que si nous ne prenons pas la décision d'arrêter les rejets, les consommateurs vont prendre cette décision pour nous.
C'est pourquoi je propose de supprimer progressivement les rejets dans toutes les pêcheries dans une approche étape par étape. Nous allons accompagner cela avec une meilleure souplesse et avec un soutien approprié pour l'industrie pour l'appliquer.
Avec l'interdiction au fil du temps, nous mettre moins de pression sur les stocks et à nouveau il y a là un grand avantage, car les scientifiques vont effectivement recevoir des données sur l'ensemble de la pêche et pas seulement sur ce qui a été en parti débarqué. Je vois cela comme une chance énorme pour combler cette lacune de l'incertitude à laquelle nous sommes confrontés.
Cela aussi peux nous aider à atteindre la durabilité sociale.
Mais les gens aussi me demandent: «Qu’allez vous faire dans l'intervalle jusqu'à atteindre cette durabilité sociale?"
Évidemment nous avons des besoins pour financer la transition et je vais présenter mon plan sur la façon de le faire le 30 Novembre. Laissez-moi vous donner quelques exemples sur ce que je vais proposer en matiére financiére. Je tiens à donner aux pêcheurs une aide au stockage pour mettre en œuvre l'interdiction des rejets. Je vais proposer que les pêcheurs participent à des essais sur les engins plus sélectifs et les pêcheurs qui participeront à la collecte de données devraient également recevoir un incitatif financier pour cela.
Je veux aider les petits pêcheurs à se rencontrer et a échanger des idées et des meilleures pratiques, mais aussi à s'organiser de sorte qu'ils aient en réalité une voix à faire entendre et donc je me propose de soutenir financièrement le dialogue social pour eux. Je vais aussi financer des initiatives de marketing.
Enfin je veux donner un coup de pouce financier a l'aquaculture pour la croissance dans les eaux intérieures et dans les zones côtières. Et encore une fois ici, nous aurons besoin de l'aide de scientifiques pour nous aider à développer de manière durable l'agriculture marine, les algues, comme l'agriculture, que ce soit à des fins alimentaires ou non alimentaires comme les produits pharmaceutiques. Je suis convaincu qu'il y a des potentialités très grandes pour l'Europe que nous pouvons récolter.
Mesdames et Messieurs, je suis arrivée à la fin de mon intervention et je n'ai pas parlé en détail sur d'autres propositions dans mon programme de réforme, tels que les concessions mobilières ou la dimension extérieure de la politique des pêches. Cela ne signifie pas qu'ils ne sont pas essentiels dans cette réforme, au contraire. Je serais heureuse de répondre à toute question que vous pourriez avoir sur ces questions ou d'autres suite à notre discussion d'aujourd'hui.
Laissez-moi terminer aujourd'hui en citant l'un des grands hommes de votre pays. Winston Churchill, qui disait: «Un pessimiste voit la difficulté dans chaque opportunité, un optimiste voit l'opportunité dans chaque difficulté." Oui en effet, obtenir un "OUI" sur la réforme de la PCP sera difficile, mais je veux que nous voyons tous les énormes possibilités qui nous attendent en nous donnant un moyen réformé et moderne de la gestion des pêches.
Je vous remercie.
Mme Damaniki Commissaire européen à la pêche