Si nous ne faisons rien, nous n'aurons plus un poisson d'ici 30 ans! (Stephan Beaucher)

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Compte tenu de la longueur de ce rapport je l'ai lu et étudié et je vais essayer de donner mon point de vue personnel de responsable d'association defendant le bar depuis plus de 12 ans déjà. En effet je n'avais pas attendu les cris d'alarmes du CIEM en 2013 et 2014 pour, comme beaucoup d'autres pêcheurs, m'inquiéter de la diminution visible des stocks. Bien évidemment s'il y a des points que j'approuve dans cette étude, je ne suis pas d'accord avec tout. Les textes du rapport sont en italique afin qu'il n'y ait pas de confusion entre ma position et celle des auteurs. D'ors et déjà je note une chose qui m'inquiète c'est le mélange des dates des données. En effet vous constaterez que suivant les tableaux et analyses les périodes de référence ne sont pas les mêmes et pour certaines anciennes alors que la situation s'aggrave tous les ans de plus en plus.

Le préambule est intéressant et il rejoint nos constats et propositions donc rien à ajouter

"Au niveau européen, la pêche du bar commun est très peu encadrée et n'est pas soumise à un système de TAC. Les conclusions du CIEM indiquent des signes de diminution des biomasses dans certaines zones. Le bar étant une espèce à très forte valeur économique et patrimoniale pour les pêcheries professionnelles et pour la pêche récréative, il semble opportun de mettre en place dès aujourd'hui un plan de gestion à long terme, applicable à l'ensemble des acteurs"

A noter que les études porte sur quatre stocks différents décidés arbitrairement en fonction des zones géographiques sans que l'on sache réellement s'il y a ou pas des interférences entre ces populations (les campagnes de marquage en cours nous en apprendront peut être plus mais pas avant plusieurs années et le temps presse pourtant). Les recommandations de la dimunition des prises par le CIEM sont donc différentes suivant les zones http://www.ices.dk/community/advisory-process/Pages/Latest-Advice.aspx. A noter que les recommandations concernent aussi bien la pêche professionnelle et la pêche récréative et là on se heurte toujours à de fortes disparités sur les réalités réellement pêchées par les récréatifs suivant les sources. J'ai toujours dit que les prélévements des récréatifs n'étaient pas anodins et je ne vais pas changer d'avis aujourd'hui au risque de me faire "incendier" par certains pêcheurs, mais il n'en reste pas moins vrai que cette incertitude pèse lourd et est un handicap pour déterminer des mesures fiables et efficaces à prendre, les données étant de, autant de prélévements que les pros à 30% de ces mêmes prélévements sans que l'on n'en sache plus. Cette incertitude est due pour partie aux récréatifs qui, en majorité et emmené en celà par certaines fédérations, ont toujours refusé de participer au peu d'enquêtes réalisées et pour l'autre partie par les pouvoirs publics français qui n'ont pas mis en place les mesures nécessaires pour connaitre précisement à la fois le nombre de pêcheurs de bars et le total des prises.

Quand on regarde les chiffres de débarquements en page 21 on constate que la pêche professionnellle française se taille la "part du lion" au niveau européen en captant environ les 3/4 des prises ce qui explique l'acharnement des français pour eviter des mesures trop contraignantes.

En ce qui concerne la pêche récréative c'est là que le flou commence puisqu'il est écrit page 23

"Même si les données aujourd’hui disponibles sont trop parcellaires, les captures réalisées par les pêcheurs de loisir européens sont très loin d’être négligeables par rapport aux captures professionnelles. Le bar est en effet une espèce très ciblée, très prisée, par la pêche de loisir en France, au Royaume-Uni, en Irlande (où seule la pêche de loisir est autorisée à capturer cette espèce), probablement en Espagne et au Portugal, et de plus en plus dans le sud de la Norvège, aux Pays-Bas et en Belgique".

Plus loin on lit page 23 et 24

"Pour l’instant, les données françaises disponibles (enquêtes nationales 2009-2010 et 2011-2012- Ifremer/BVA-DCF) indiquent que le bar est la première espèce cible des 1.3 millions de pratiquants français et que la capture annuelle aurait atteint un peu plus de 3000 tonnes en 2011, ce qui représente presque la moitié de l’ensemble des débarquements professionnels européens. 

Les coefficients de variation calculés sur les jeux de données sont respectivement de 26% (enquête 2009-2010) et de 26.5% (2011-2012). Ceci signifie que l’incertitude sur les tonnages amène à devoir indiquer que les prélèvements annuels réels étaient compris entre 708 et 2125 tonnes en 2009-2010 et entre 1666 et 4998 tonnes en 2011-2012. La valeur moyenne obtenue en cumulant ces deux études s’élève à 2310 tonnes de prélèvement (+ ou – 1200 tonnes), dont 25 tonnes (+ ou – 13 tonnes) d’individus « sous taille » (<36 cm) n’ayant pas été relâchés"

La conclusion de ce paragraphe est quand même un peu préoccupante car comme on ne sait pas "grand chose" il faut en tenir compte, c'est quand même dommage de lire ça:

"Même si les chiffres relatifs aux captures de bars par la pêche de loisir sont affectés de coefficient de variation élevés, et ne sont pas encore disponibles pour l'ensemble des pays de l'Union Européenne, l’indéniable importance des débarquements de loisir en Europe (le CIEM retient aujourd’hui en première approche le chiffre de 30% par rapport à la pêche professionnelle) oblige à pleinement prendre en compte cette activité dans tout plan de gestion du bar"

car par avance on peut prévoir, à mon grand regret, que quelque soit les décisions prises elles mécontenteront tout le monde. Les professionnels qui diront que ce n'est pas assez contraignant et certains récréatifs qui diront que ce ne sont pas eux qui raflent tout sur les frayères. Les uns et les autres auront raison, hélas!

Page 25 on trouve la ventilation par types de bateaux, on notera que les bateaux les plus nombreux sont les chalutiers de fond. Le problème est que ces chiffres sont ceux de 2009 et cela à surement bouger comme par exemple la pêche à la senne danoise qui se développe trop rapidement et saccage des zones normalement pêchées par les petits côtiers (tous types de pêches confondus) Vous noterez également que ce sont les chalutiers pélagiques qui pêchent le plus malgré leur "petit nombre", ce qui ne surprendra personne vu que ce sont eux qui raflent les frayères.

Page 26 on trouve les débarquements par métiers mais là les chiffres sont ceux de 2012 et on constate, mais ce n'est pas une surprise pour moi, que se sont les pélagiques qui pêchent le plus 27 % c'est d'autant plus important qu'ils ne pêchent pas longtemps cette espèce, c'est d'ailleurs indiqué toujours page 26

debarquements 2012

"Les débarquements des chalutiers pélagiques représentent 27% des débarquements nationaux en 2012. Cette flottille cible l’espèce en hiver. Une limitation des débarquements a été mise en place en 1996 en fixant un seuil à 2 tonnes hebdomadaires par navire, seuil porté à 5 tonnes hebdomadaires en 1999 (légèrement modifié en 2012 : seuil porté à 9 tonnes par quinzaine). Ces limitations ont pour vocation de limiter l’engorgement des marchés et ne correspondent pas à une volonté de gestion de la ressource"

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